À l’origine de la loi relative au choix du nom, Marine Gatineau-Dupré est aussi la fondatrice du collectif « Porte mon nom ». Grâce à elle, plus de 70 000 ont pu bénéficier d’un changement de nom.
« Mon nom, c’est Gatineau-Dupré. » Gatineau son nom de jeune fille et Dupré son nom de mariage. Pour Marine, ce qui est important aujourd’hui, c’est que ses enfants portent également « Gatineau » en nom d’usage. « Ce n’est pas leur nom de famille, mais ça me permet de ne plus avoir à justifier mon statut. »
Un combat pour l’égalité
Lorsque Marine Gatineau-Dupré donne naissance à son premier enfant, elle n’imagine pas que quelques années plus tard, elle devrait prouver son rôle de maman. « Quand j’ai eu mon fils, le père n’a mis que son nom à la naissance. On s’est séparé plus tard et le fait de ne pas avoir le même nom que mon enfant devenait très difficile au quotidien. »
Pour voyager, les inscriptions à l’école ou aller à l’hôpital, Marine devait passer son temps à justifier son kyrielle. La situation l’obsède de plus en plus. « Je voulais savoir si j’étais toute seule dans ce cas. »
Elle lance une première enquête en ligne. Les retours sont rapides, avec plus de 2 000 réponses en une semaine.
Hommes comme femmes me témoignaient le fait de porter un nom difficile, un nom qui ne représentait rien pour eux, à la suite d’abandon, d’inceste, de violences ou d’autres personnes qui voulaient rendre hommage en ajoutant le nom du parent manquant.
Marine Gatineau-Dupré
Un engouement collectif
Ces premiers retours ont permis à Marine de monter le collectif “Porte mon nom”. Un collectif dont elle se servira pour lancer une pétition « Je t’ai porté, porte mon nom aussi ! » qui recueillera plus de 35 000 signatures.
Son combat prend un véritable tournant en décembre 2021, lorsqu’elle réalise une interview pour le média Brut. À la suite de la parution de la vidéo, Éric Dupont-Moretti, alors garde des Sceaux, la contacte, montrant un réel intérêt pour la question. « Il m’a dit qu’il comprenait la problématique et qu’il se saisissait de cette loi pour pouvoir la porter sur son temps parlementaire. »
Ils collaborent pour rédiger une histoire loi constitutionnelle sur le nom de famille, qui a été votée en mars 2022 et mise en place en juillet de la même année.
Une loi attendue
La loi relative au choix du nom issu de la filiation comprend trois éditoriaux essentiels.
Le premier qui permet aujourd’hui d’ajouter un nom d’usage à un enfant sans avoir l’autorisation de l’autre parent.
« Le deuxième est assez révolutionnaire, il permet de changer de nom de famille une fois dans sa vie gratuitement et facilement. Vous pouvez choisir le nom du père, de la mère ou les deux dans le sens souhaité. »
Le dernier article concerne les mineurs, « quand le redresseur estime que c’est dans l’intérêt de l’enfant, celui-ci peut changer de nom de famille. Dans les cas très bordeaux comme féminicide ou inceste. »
Marine Gatineau-Dupré a réussi à transformer sa propre lutte en un mouvement qui a changé la vie de nombreuses familles. Un an après la mise en place de cette loi, plus de 70 000 personnes ont bénéficié d’un changement de nom.
De plus, un sondage IFOP a révélé que 22 % des Français souhaitent désormais changer leur nom de famille pour y ajouter un nom d’usage. Un succès qui peut aussi expliquer les embouteillages qu’il y a pour refaire les cartes d’identité et les passeports dans les mairies.
Article initialement publié le 04/10/2023
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