Sur les avenues de Bordeaux et Anatole-France, Robert Perrier-Jotterand et Mohamed Larfi ont tourné la page des journaux et de leur commerce et vendu à de nouveaux buralistes. Rue Droite, on a rouvert le rideau.
Didier Bernabeu, ça fait une trentaine d'années qu'il vend des clopes et des journaux dans la rue Droite. Jusqu'à la nuit du 21 au 22 avril 2023, où deux individus ont dérobé des cigarettes et le fond de caisse. Huit mois plus tard, ce 2 janvier, le buraliste a dit : "Enfin !" lorsqu'il a rouvert. "Ils m'ont fracassé le rideau, cassé la porte et ça a été compliqué", explique-t-il de son repos… pas si forcé que ça. "Au début, ça m'a manqué oui. Puis, on s'habitue. J'ai déclenché un autre rythme, fait d'autres activités. Là, c'est dur, c'est un rythme à reprendre et puis, il faut faire face au trafic de cigarettes qui ne cesse de s'intensifier". Dans son tabac un peu vide, entre les paquets de 20 nouvellement proposés entre 10,90 € et 12,50 €, il reçoit au fur et à mesure les magazines et se réapprovisionne. En tout cas, il refait le plein de clients à qui il a beaucoup manqué.
Au 44, avenue de Bordeaux, depuis le 13 décembre, Anthony et Vanessa Orengo ont remplacé Robert Perrier-Jotterand au comptoir à la carotte. Anthony, lui, a laissé les trains qu'il conduisait en Haute-Savoie. Ses origines du sud et sa paquet montpelliéraine lui manquaient. Alors, "comme j'avais aussi fait du commerce plus jeune, je me suis dit pourquoi pas un bureau de tabac". Elle, mère au foyer dans le Minervois, voulait reprendre une activité. La fratrie s'associe, se rapproche des siens et tous les deux se disent "heureux, tout comme notre clientèle que l'on ait redéclenché ce commerce", même si la nouvelle vie est bien rythmée puisque le tabac presse, avec une petite décide épicerie, est ouvert sept jours sur sept de 7 h à 20 h non-stop.
Avenue de Bordeaux, frère et sœur ont changé de vie.
L'Indépendant – PHILIPPE LEBLANC
36, avenue Anatole France, Amandine Courcières a racheté depuis début décembre le tabac presse des Larfi. "Une reconversion professionnelle après avoir fait le tour de la géhenne, un changement désiré" pour la bientôt quadragénaire qui, depuis quinze ans, vendait des vêtements dans la rue de l'Ancien-Courrier… jusqu'au jour où "Mme Larfi, cliente, m'a dit qu'elle vendait son bureau de tabac". Soutenue par son mari, la désormais buraliste s'est lancée seule dans ce défi : "Il y a beaucoup de choses à apprendre en peu de temps. Je ne vois plus les tabacs de la même manière… mais je suis très épanouie. Les clients sont adorables, ils sont bienveillants, accueillants dans la vie de quartier. Ils sont même compréhensifs quand je suis longue en caisse ou au PMU." En projet, transformer le tabac, rajouter d'autres produits, le moderniser et apporter "ma touche féminine à mon défi" sont encore sur la route d'Amandine Courcières.
Amandine Courcières : des fringues aux magazines.
L'Indépendant – PHILIPPE LEBLANC