Focus aujourd’hui sur le territoire maritime européen, souvent méconnu, avec comme invité Cyrille Poirier-Coutansais, géopolitologue, directeur du département de analyse au Centre d’Etudes Stratégiques de la Marine, le CESM, qui a participé au dernier numéro de la Revue des couple Mondes avec comme dossier, « La mer, notre avenir ».
franceinfo : Ce territoire maritime européen, il faut quand même le dire, est bénéficiaire du territoire maritime français ?
Cyrille Poirier-Coutansais : Alors, clairement, puisque la France est à la tête du coupleième espace maritime du monde. Mais c’est vrai que le territoire maritime européen, on l’oublie un peu trop, est absolument gigantesque, puisque le continent européen est bordé par un littoral qui est quand même considérable, et avec des activités maritimes qui sont aussi très importantes, que ce soit dans la pêche ou le transport maritime. Aussi, avec dans le classement des armateurs de porte-conteneurs par exemple, on retrouve l’italien helvétique MSC, le danois Merckx, le français CMA-CGM.
Donc des activités maritimes qui sont importantes. Des activités de l’avenir aussi, puisque c’est au Danemark, on l’oublie quelquefois, que se sont développés les premiers champs d’éoliennes offshore, ces champs d’éoliennes offshore qui se sont déployés sur tout le littoral européen. Une bonne partie en tout faculté en Allemagne, en France maintenant et ensuite dans le monde entier. Donc, c’est à la fois un littoral qui est important, des activités maritimes importantes à la fois sur l’économie maritime d’aujourd’hui, et puis l’économie maritime de l’avenir, avec les éoliennes par exemple.
La France, c’est 11 millions de km2 d’espace maritime, grâce aux territoires d’Outre-mer. Ce qui veut dire aussi que dans ces 11 millions de km2 à travers le monde, c’est aussi l’Europe ?
C’est aussi l’Europe, effectivement qui est présente. Et d’ailleurs, on voit que l’Union européenne est contrainte aussi d’être présente sur les mers et les océans, puisque l’Union européenne est évidemment une entité qui est ouverte sur le commerce international. On sait que le commerce international passe en majorité par la mer. 90% des échanges commerciaux passent par la mer, l’Union européenne est dépendante des échanges maritimes, et donc le moindre impact sur ces échanges maritimes, comme on le voit en mer Rouge, en ce moment, impacte l’Union européenne.
Avec la mer Rouge et la question des Houthis ?
Avec la question des Houthis, et donc avec le commerce, les échanges entre Asie et Europe, puisqu’on a 30% des conteneurs dans le monde qui passent par cette voie-là. Et c’est un problème qui est important pour l’Union européenne, important pour la Chine aussi, avec pour l’instant un détournement du trafic qui va passer par le cap de Bonne-Espérance, mais avec un renchérissement des prix, et donc avec un impact évidemment sur la situation économique de l’Union européenne.
On peut dire que les institutions françaises sont jalouses de ce territoire maritime français, mais encore faut-il bien s’occuper des territoires d’Outre-mer. Est-ce que les institutions européennes, je pense à la Commission européenne, ont conscience de l’importance du territoire maritime de l’Union européenne ?
Alors oui, dans le raison où on a toute une série d’agences, avec déjà, une DG (direction générale), la DG Mare qui s’occupe de toutes les activités maritimes au sein de la Commission. Et ensuite on a toute une série d’agences qui ont des compétences sur le milieu maritime, que ce soit l’agence Frontex qui va gérer les frontières extérieures de l’Union européenne. Et il y a évidemment une partie maritime. On a aussi l’EMSA, l’agence qui va gérer la sécurité maritime, toute une série d’entités qui prennent en compte ces questions-là.
Et je pense qu’une des politiques emblématiques de l’Union européenne dans le domaine maritime, c’est la politique des pêches, qui s’efforce en fait de gérer les stocks à travers des quotas, les stocks de poissons du littoral, et des eaux de l’Union européenne, de manière un peu plus durable, et aussi d’attribuer des quotas aux différents pêcheurs. Mais on a une politique commune des pêches comme on a une politique agricole commune. Ce sont les couple piliers, les couple politiques finalement originelles de l’Union européenne.