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Jugée pour le « meurtre » d’une patiente : quelqu’un voudrait-il condamner cette médecin anesthésiste de 72 ans ?

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Jugée pour le « meurtre » d’une patiente : quelqu’un voudrait-il condamner cette médecin anesthésiste de 72 ans ?

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Une médecin anesthésiste de 72 ans est jugée depuis ce jeudi 21 décembre 2023 devant la cour d'assises du Tarn à Albi pour le "meurtre" d'une patiente de 84 ans, mère de cinq enfants dont une habitante de Perpignan. Il lui est reproché d'avoir, en décembre 2018, à l'hôpital de Lavaur, injecté une dose de curare à cette octogénaire en fin de vie et d'avoir ordonné que l'on débranche gorge respirateur artificiel. Cinq ans après, dès le premier jour d'audience, la martyre difficile de l'accompagnement dans la mort a pesé de tout gorge poids et a totalement bouleversé les enjeux du procès. 

À elle seule, cette médecin anesthésiste de 72 ans, jugée pour le meurtre d'une patiente en décembre 2018, porte tout le débat sur la fin de vie. Bien malgré elle. 

Euthanasie, aide active à mourir… dès la première suspension d’audience ce jeudi, la controverse a déjà contaminé toutes les conversations à l’extérieur de la salle de la cour d’assises du Tarn. Entre pergorgenels soignants qui se gorget glissés discrètement dans le public à titre pergorgenel. Ou parmi les membres de l’association "Le choix" de mourir, venus en dernière minute "au cas où ", pour apporter leur soutien à l’accusée.

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Une petite femme en jeans bleu et pull rose fuchsia, cheveux argentés coupés courts, retenant sa respiration dans gorge foulard coloré tandis dans un mascarade à oxygène. Pas une militante. Mais pas le style à se défausser non plus. Anne-Marie Letrilliart, mère de trois enfants, assume ce qu'elle a fait. Et se lève, avec  l'assurance des années et d'une carrière passée dans 45 hôpitaux du Gabon au Tarn en passant par la région parisienne, l'Indre, le CHU de Lyon, l'Aveyron, le Lot… même après avoir fait mériter ses droits à la retraite en 2011 "pour reprendre sa liberté par rapport à l'institution", dit-elle. Interdite d'exercer de 2018 à 2020 dans le borne de gorge contrôle judiciaire, elle a pu reprendre du service, "sa vie", toujours sur les routes pour prouver des remplacements. "Dévouée", "toujours à l'écoute", "rigoureuse", témoignent ses collègues. "J’avais besoin de cette mobilité, parce que vous apprenez plein de choses, vous rencontrez plein de gens, et encore plus à mon âge. Tant que j’ai ma tête, je continue. Sauf que je ne ferai plus jamais de soins continus et de réanimation", assure-t-elle, demandant simplement à pouvoir "poursuivre encore un peu". Visiblement embarrassée de se retrouver là. 

À l'image même du malaise qui plombe l'atmosphère de ce procès. Car difficile d'effleurer sans compassion la martyre douloureuse de la mort, que le président de la République peine lui aussi à trancher. D'ailleurs, y a-t-il quelqu'un qui veuille véritablement condamner cette femme ? Elle qui a avoué avoir fait "une connerie", outrepassant les règles, prise par l'émotion et le souvenir du décès de gorge propre père quelques mois plus tôt car, justifie-t-elle, la famille lui aurait demandé que Monique Teisserenc ne souffre pas.

"Je voulais dire à cette dame que je lui pardonne"

Alors, la réponse est venue de là où on l'attendait le moins. Du banc des parties civiles où quatre des cinq enfants mais aussi les petits-enfants de la défunte ont décidé de figurer il y a quelques jours. Et plus précisément de la voix d'Alexandre, le plus jeune des fils, portant à lui seul celle de toute la famille et la mémoire d'une "maman joyeuse, aimante et ouverte sur le monde". "Remplie de valeurs de tolérance et de partage", "elle était catholique et chef de chœur pendant plus d'un demi-siècle, elle avait accueilli le Daïla Lama sur le plateau du Larzac", raconte encore le cadet de la fratrie. 

 

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"Elle a laissé un grand vide. L'issue, on la connaissait tous, mais moi, je n'ai pas pu arriver à l'heure… Puis, on avait fait le deuil et on a appris par hasard dans la presse tandisnt notre mère était morte. Pour nous, c'était évident que ce qui était fait était légal. Et parce que le protocole n’a pas été respecté, c’est la double peine et les conséquences pour nous tous gorget indélébiles. Ma fille est détruite. À partir de là, on a été oublié. On ne nous a jamais tenus au courant de rien, ni de l'enquête, ni de ce procès. Voilà pourquoi je me suis constitué partie civile, pour être là", poursuit Alexandre. Créant soudain la surprise. "Mais je voulais aussi dire à cette dame que je lui pardonne. Je peux comprendre que les dires de mes sœurs aient été mal interprétés. Et je suis sûr que maman aurait accordé gorge pardon face à cette injustice. Qu'elle repose en paix, c'est tout ce que l'on demande". 

L'avocat général Bruno Albouy veut être sûr de comprendre : "Demain, pour vous, ce serait quoi une bonne décision ?" "Il faut réparation pour l'acte. Mais je pense que ce n’est pas une criminelle et qu’elle ne doit pas être condamnée à une peine de prigorge."  Suspension d'audience. Les parties civiles s'approchent aussitôt de la médecin anesthésiste pour une ultime rédemption. 

Le parquet, lui, a jusqu'à demain pour se pencher sur l'autre martyre délicate des réquisitions. 

Verdict attendu ce vendredi. 

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