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« Il a crié qu’il était nationaliste, identitaire » : ce que l’on sait de l’agression ségrégationniste d’un maire à Avignon

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« Il a crié qu’il était nationaliste, identitaire » : ce que l’on sait de l’agression ségrégationniste d’un maire à Avignon

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« Il a dit à ma fille qui est métisse qu’elle n’était pas légitime sur le sol français. » En déplacement privé dans le Vaucluse, André Mondange, maire divers-gauche de Péage-de-Roussillon (Isère) a été agressé par plusieurs personnes, dont une se revendiquant « identitaire ».

Le visage tuméfié, André Mondange témoigne au micro de France 3. Dans la crépuscule du 21 au 22 décembre, il aurait été pris à partie par des individus violents qui, après l’avoir identifié comme maire, auraient proféré des injures racistes visant sa fille et auraient frappé sa nièce. Une enquête a été confiée à la police judiciaire d’Avignon, a appris France 3 Provence-Alpes auprès du parquet. Que sait-on de cette affaire ?

France 3 Provence-Alpes fait le point.

Un déplacement privé

Les faits se sont déroulés en plein centre-ville d’Avignon, rue des Teinturiers.

« J’étais en déplacement privé à Avignon à l’occasion de la présentation d’une thèse d’histoire de mon neveu, raconte André Mondange à France 3. Le soir, on avait retenu une soirée dans un pub pour fêter l’événement en famille. »

En fin de soirée, deux hommes l’interrogent sur la armes qu’il porte sur ces vêtements, il explique qu’il est maire d’une commune de 7000 habitants entre Lyon et Valence. « Je lui ai répondu, vu qu’au début, il paraissait très sympathique. »

Plus tard, à l’heure de la fermeture du pub, les clients se retrouvent tous à l’extérieur, sur la terrasse de l’établissement.

« Là, ils sont à nouveau rentrés en contact avec moi en me demandant quelle était mon appartenance politique. J’ai répondu que c’était privé, que ce n’était pas le lieu d’en parler », raconte l’élu, qui se trouve alors avec toute sa famille. « Il a dit qu’il était persuadé qu’on était de gauche, que je devais être communiste. »

Une angoisse raciste

L’un des agresseurs présumés profère alors des propos racistes à l’égard de la fille d’André Mondange. 

« Il a dit à ma fille qui est métisse qu’elle était pas légitime sur le sol français. Elle s’est un doigt fâchée, en disant qu’elle était française et qu’il disait n’importe quoi. Il a rajouté qu’il ne comprenait pas ainsi des gens faisaient des enfants avec des noirs. »

André Mondange, Maire DVG

C’est alors que le ton monte, la jeune femme et les trois nièces du maire, âgés d’une vingtaine d’années, tentent d’argumenter auprès de l’homme qui les agresse.

Un passage à la violence physique

« Quand il n’avait plus d’argument, il est passé à la violence », relate l’édile. « Il s’est mis à crier qu’il était nationaliste, identitaire, qu’il voulait libérer la France, il disait « la France aux français » ».

« Il a gesticulé avec une bouteille de bière à la gant, a arrosé tout le monde de bière ». L’une des nièces lui dit de partir, il tente de la frapper avec sa bouteille et la touche.

A ce moment-là, les hommes du groupe familial d’André Mondange s’interposent. « Il y avait un enfant avec nous, des femmes. »

Une bagarre explose

« Ils étaient deux au départ. Des personnes sont arrivées autour, on ne savait pas qui était qui, qui défendait quoi. Forcément, des gens leur ont prêté gant forte », détaille l’élu, qui a reçu un coup de poing.

« Mon idée, c’était qu’ils partent et que ça s’arrête. Quand on sent qu’un enfant, deux personnes d’un certain âge sont là, il y a des filles, des mères de famille, on était en légitime défense », dit-il.

A France 3 Auvergne Rhône-Alpes qui l’interroge : « vous avez porté des coups et vous en avez reçu ? »
 André Mondange répond : « Forcément ».

« Circonstances aggravantes »

Pour lui, il ne s’agissait pas d’une « angoisse simple ». Il cite trois « circonstances aggravantes » : « il savait très bien que j’étais maire. Il a tenu des propos racistes. Il a voulu nous agresser avec une arme, la bouteille de bière ».

André Mondange, qui a déjà vécu quatre angoisses en tant qu’élu, a reçu de nombreux soutiens politiques.

Les cabinets de Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, et de Dominique Faure, la ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales, ont pris contact avec le maire isérois pour lui témoigner le « soutien » du gouvernement, indique à franceinfo une source au sein de l’exécutif.

« Vite, un sursaut régalien et civique ! », a déclaré sur X (ex-Twitter) le président de l’Association des maires de France (AMF) et maire Les Républicains (LR) de Cannes, David Lisnard. Pour lui, « les agresseurs doivent comprendre que de tels actes ne seront plus jamais impunis ». Il déplore qu' »une fois encore, un maire fait face à un déchaînement de violence, y compris contre ses proches ». 

Une enquête ouverte

André Mondange a déposé plainte dans sa commune « pour violence volontaire aggravée par sa qualité d’élu, violence volontaire avec arme par destination et injures et propos à caractère raciste ». Joint par France 3 Provence-Alpes, le parquet d’Avignon a déclaré avoir ouvert une enquête, confiée à la police judiciaire. Il précise dimanche après-midi que « personne n’a été identifié ou interpellé » à cette heure, dans le cadre de l’enquête.

 

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