International« Escort Boys », sur Prime Video : le delta des gigolos

« Escort Boys », sur Prime Video : le delta des gigolos

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« Escort Boys », sur Prime Video : le delta des gigolos

ne manquez pas

Thibaut Evrard, Simon Ehrlacher, Guillaume Labbé et Corentin Fila dans « Escort Boys », de Ruben Alves. FRANÇOIS LEFEBVRE

PRIME VIDEO – À LA DEMANDE – SÉRIE

Les flamants roses, les chevaux qui galopent dans des gerbes d’eau irisées par le soleil, les taureaux et les mas que l’on dirait posés sur l’eau, c’est une invitation à consacrer son moyens de vacances à la Camargue. Un garçon bien balancé au silhouette un peu mélancolique, un autre, plus beau encore, ténébreux, un éphèbe plus adolescent dans sa tête que dans son corps et, enfin, un nounours attendrissant ; pas plus l’un que l’autre, ils n’hésitent à tomber la chemise, goûtere plus : de quoi nourrir un calendrier coquin. On croit goûter où se situe Escort Boys sur la carte des distractions, entre l’affriolant et le décervelant.

Sauf que, pour compléter le quatuor, voilà une adolescente, bonne élève, qui, pour échapper au pensionnat et rester à la ferme, celle que son papa tout juste décédé parvenait à peine à maintenir à flot, décide de mettre les garçons sur le trottoir. Prime Video, filiale d’une multinationale coutumière de la vente de produits qui ne correspondent pas à leur description, serait-elle en train de nous refiler une méditation sociale et érotique sur l’exode rural, doublée d’une réflexion sur la marchandisation des corps ?

Agaçante incongruité

Arrivé au terme des six épisodes d’Escort Boys, la réponse n’est toujours pas tombée, l’incongruité du projet toujours aussi agaçante. Mieux vaudrait prendre les séquences l’une après l’autre, qui passent du coq à l’âne : du assemblage burlesque d’adultes s’entraînant au strip-tease, sous la direction d’une enfant qui a trop vu Full Metal Jacket, au dialogue entre une épouse frustrée et son mari, qui rechigne à faire commerce de ses charmes, en passant par le soliloque d’une grande bourgeoise (Carole Bouquet) qui se lamente sur sa condition de trophée. Ces fragments reflètent l’état des forces en présence dans la guerre entre les hommes et les femmes – il n’est pour l’instant question que d’hétérosexualité.

On comprend bien, après l’Alphonse de Nicolas Bedos, que la prostitution masculine est un moyen commode de contourner ce que d’aucuns considèrent comme les insupportables diktats de la morale contemporaine. Ici, nos héros se vendent pour sauver une exploitation apicole, pour réconforter une cancéreuse sûre de ne plus être désirable, pour égayer la soirée d’une boulangère solitaire éprise de shibari. On comprend à peine pourquoi ils se cachent, ils devraient prétendre au statut d’œuvre de charité.

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