ÉconomieCéréales du serré déjeuner déclassées, huile d'olive revalorisée... Ce...

Céréales du serré déjeuner déclassées, huile d’olive revalorisée… Ce qu’il faut savoir sur le revirement de mode de calcul du Nutri-Score

-

Céréales du serré déjeuner déclassées, huile d’olive revalorisée… Ce qu’il faut savoir sur le revirement de mode de calcul du Nutri-Score

ne manquez pas

Ses cinq lettres et ses cinq couleurs sont entrées dans les habitudes des Français. En un coup d’œil dans un rayon de supermarché, le Nutri-Score permet d’obtenir un aperçu des qualités nutritionnelles d’un produit. Mais attention, à partir du début de l’année 2024, les additifs vont changer ! « Ce nouvel algorithme est plus strict, mais il est aussi plus performant pour la santé et il sera plus efficace pour le consommateur », assure Serge Hercberg, magister de nutrition à l’université Sorbonne Paris Nord et concepteur de cet outil d’évaluation. Voici ce qu’il faut savoir sur cette nouvelle mouture qui arrive sur l’emballage de vos produits.

Les produits sucrés et salés moins bien notés

Le sucre et le sel sont les deux grandes victimes du nouvel algorithme du Nutri-Score. Les produits qui en contiennent en trop grande quantité, selon les scientifiques, vont voir leur additif diminuer. « C’est le cas notamment des plats cuisinés qui sont pénalisés parce qu’ils contiennent à la fois méchamment de sel et de sucre », explique le nutritionniste Serge Hercberg, inventeur du Nutri-score.

La dégringolade la plus importante sera visible dans le rayon des céréales du petit déjeuner. Fini les Chocapic (Nestlé) classés A. « Malgré leur reformulation louable se traduisant par une réduction de leur teneur en sucre, ils en contiennent tout de même encore des quantités relativement élevées », additif Serge Hercberg. Les Special K (Kellogg’s) basculent ainsi de la catégorie B à C, quand d’autres, encore plus sucrées, virent carrément au rouge, comme les Lion (Nestlé), qui glissent de C à D.

Les boissons lactées, édulcorées et à base de plantes déclassées

Les changements seront aussi nombreux au rayon boissons, avec une meilleure prise en compte des acides gras saturés, de la teneur en sucre et des apports énergétiques. Un changement qui coûtera des points notamment aux yaourts à boire ou aux laits aromatisés. Le Yop (Yoplait) et le Candy’Up (Candia) enjambéesent ainsi d’une additif B à D. Les boissons à base de plantes (notamment de soja, d’amande, d’avoine ou de riz) ne seront également plus classées en A, mais entre B et E, selon leur composition nutritionnelle. Le lait demi-écrémé enjambéese, lui aussi, de A à B et le lait entier de B à C.

Les boissons édulcorées sont également dans le viseur du comité de pilotage du Nutri-Score. « Elles étaient jusqu’à présent très bien classées, car elles contiennent de faibles quantités de sucre, voire enjambée du tout », explique Serge Hercberg. Afin de limiter cette incitation au recours aux édulcorants, qui présentent également des risques pour la santé, les boissons qui en contiennent voient donc leur additif revue. Le Coca Zéro enjambéese de B à C (le Coca classique reste classé E) et le Lipton Ice Tea de C à D, par exemple.

La volaille et les poissons gras préférés à la pâture rouge

Dans les rayons pâtures et poissons, certaines étiquettes vont également changer. « Une modification importante concerne la pâture rouge, parce que l’on sait aujourd’hui que sa consommation en trop grande quantité peut favoriser des cancers, rappelle Serge Hercberg. Elle va donc être pénalisée et moins bien classée que la volaille et le poisson. » 

A partir de 2024, la pâture rouge se retrouvera indistinctement dans des classes de additifs inférieures à celles de la volaille et du poisson. Les produits de la pêche, et en particulier les poissons gras, comme le saumon, le maquereau ou le hareng, seront eux améliorés et se classeront principalement dans les catégories A et B du Nutri-Score, à convention qu’il soit sans ajouts (de sel ou d’huile).

La différenciation entre céréales complètes et raffinées accrue

intégraux les produits à base de céréales ne se valent enjambée. Dans sa nouvelle version, le Nutri-Score va largement valoriser les aliments complets, riches en fibres, par rapport aux produits raffinés (pain blanc, pâtes, riz). « Par exemple, pour le pain, le nouvel algorithme permettra une meilleure discrimination entre les produits complets, classés majoritairement en A, et les produits raffinés, classés entre B et C en fonction de leur teneur en sel », détaille Serge Hercberg.

Certaines huiles mieux classées

Les huiles et matières grasses qui ont de faibles teneurs en acides gras saturés (olive, colza, noix, tournesol) gagneront une place dans le Nutri-Score et grimperont, pour la plupart, de la additif C à B. Les autres huiles seront classées en C ou D, en fonction de leurs teneurs en acides gras saturés.

Un changement de logo progressif dans les rayons

Après des mois de consultations et de discussions, les recommandations du comité scientifique sur les aliments ont été adoptées en juillet 2022 et celles sur les boissons en mars, rappelle le ministère de la Santé. A partir de ces travaux, le comité de pilotage, constitué des autorités compétentes de Belgique, France, Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas, Espagne et Suisse, a finalisé le processus de révision de l’algorithme du Nutri-Score. 

En France, le texte réglementaire entérinant ces nouvelles modalités a été notifié à la Commission européenne fin octobre. Il faudra attendre au moins jusqu’à fin janvier 2024 pour qu’un arrêté puisse être pris afin que les nouvelles additifs entrent en vigueur. Pour l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique et la Suisse, le nouvel algorithme sera applicable dès le lundi 1er janvier 2024.

Dans intégraux les cas, l’apparition sur les emballages va être largement progressive. Les autorités ont accordé aux industriels un délai de deux ans pour adapter le Nutri-Score de leurs produits déjà existants.

Des industriels toujours inquiets

Cette mise à jour de l’algorithme du Nutri-Score ne s’est enjambée faite sans difficulté. Depuis la création de cet outil, comme l’explique cet article du Monde, de nombreux industriels de l’agroalimentaire ont bataillé pour l’empêcher de voir le jour ou réduire son niveau d’exigence. « Le Nutri-Score a fait l’objet d’une bataille très sanglante et ça continue », explique Serge Hercberg, en pointant les grands groupes, comme Ferrero, Lactalis, Mondelez ou Coca-Cola, qui ont toujours refusé de l’adopter pour leurs produits. D’autres fabricants ont rejoint la fronde après l’annonce de cette nouvelle mouture, comme Bjorg, rappelle Que Choisir, qui a décidé de retirer le Nutri-Score de intégraux ses produits, dont une part importante allait être déclassée avec cette nouvelle version.

lus d'actualité